"Se réinventer pour être la même personne, avec des outils différents"
Depuis de nombreuses années maintenant, Jérôme Dumas œuvre en Ile de France pour développer le volley assis, une pratique paralympique qui reste encore trop méconnue, tant auprès du grand public que des licenciés. Il partage aujourd’hui avec nous sa vision et sa passion pour ce sport.
Comment jugez vous l’évolution du volley assis ? Quelle place prend-il dans le paysage du volley ?
La démarche fédérale commence en 2015, on est en 2023 donc c’est un développement qui est extrêmement jeune quand on regarde par rapport à d’autres sports. Surtout, nous n’avons que 350 licenciés.
Le développement du volley assis passera forcément par la pratique scolaire car ce sont les jeunes qui transmettent aux parents l’intérêt pour le volley assis. L’année dernière, environ 4000 enfants ont pratiqué le volley assis sur des actions ciblées.
Comment faire pour développer le volley assis ?
Il faudrait réussir à diplômer plus d’entraîneurs, sensibiliser plus de professeurs d’EPS pour se développer.
Le plan de développement du volley assis compte sur l’école élémentaire et secondaire. Avec l’élaboration de cycles diffusables pour les enseignants, qui sont actuellement en préparation, 30 journées ou demi-journées sur des établissements scolaires du 75, 77, 91, 92, 94, ce qui représente 78 classes et plus de 2000 élèves. Ce sont des animations de découverte de la discipline en général.
L’UNSS et les enseignants sont friands de cette discipline, et du format, des animations ponctuelles de découverte.
Quels peuvent être les objectifs précis à viser pour y arriver ?
L’augmentation du nombre de formations proposées et du nombre de stagiaires, arriver à former davantage de formateurs et arriver à pénétrer les corps enseignants. Il faut arriver à mettre en place des tournois et des championnats, ainsi que répondre aux sollicitations extérieures pour créer un réel maillage d’acteurs de terrain.
Est-il possible de faire du volley assis en étant valide ou bien est-ce un sport réservé à une tranche de la population?
Bien sûr que l’on peut pratiquer en étant valide ! Dans les écoles, il y a très peu d’enfants qui sont en situation d’accident de vie. Il y a tellement d’enfants dans des situations difficiles à adapter, avec des handicaps physiques et mentaux. Mais la plupart font du volley assis sans avoir de handicap moteur.
Le volley assis profite aussi beaucoup aux personnes en phase de rééducation, pour se remettre en forme. Ceux qui ont des pathologies médicales, ou des gens qui sont diabétiques aussi. Tous les gens qui sont blessés, au niveau de la cheville, du genou, et qui sont en rééducation ou dans un temps de repos dans la pratique normale du volley ont un intérêt à pratiquer le volley assis, cela leur permet de continuer à s’entraîner.
Donc oui c’est un sport qui peut être pratiqué en préparation physique généralisée. Ça fait beaucoup travailler les abdos, les dorsaux, la respiration et surtout la vision du jeu !
Doit-on avoir la même approche pour faire découvrir le volley assis et fidéliser les joueurs ?
Il faut d’abord écouter et comprendre le parcours de la personne en face. Quand vous avez subi une amputation suite à un cancer ou un accident de la vie, il y a aussi une histoire derrière. Ce n’est pas quelqu’un qui frappe à votre porte “salut ça va ? viens faire du volley assis” Il faut écouter, comprendre, trouver des adaptations propres à chacun. Ça demande un peu de finesse et de psychologie.
Le travail des entraîneurs est avant tout de les mettre dans une situation confortable, que les terrains soient propres, les filets en bon état, les ballons aussi, etc. C’est déjà suffisamment compliqué dans la vie de tous les jours, il faut que ce soit agréable pour eux ici sinon ils ne reviennent pas. Il faut établir une relation de respect et d’écoute. C’est ce qui leur manque le plus.
Le but est d’inclure, de faire participer les athlètes. Au PUC, sur une étape du championnat de France, on va faire jouer 6 personnes en situation d’accident. Ça a demandé un travail de longue haleine. Ce n’est pas forcément la philosophie de chaque structure. L’équilibre entre l’inclusion, la compétition et le résultat peut être difficile à interpréter.
Parlons du volley assis en Ile-de-France, comment peut-on le suivre ?
Il y a quelques clubs qui sont répertoriés comme ayant des sections comme Charenton qui le pratique depuis longtemps, Issy les Moulineaux, Mitry, ou encore le PUC. Châtenay-Malabry essaie également de développer ce sport même si ce n’est pas du tout évident, tout comme Eaubonne.
Ça reste donc des points de départ et des points d’ancrage où il y a une pratique du volley assis. Aussi la difficulté de ce sport est qu’il demande un sol propre, un filet différent, et des entraîneurs formés. Il y a tout une démarche qui s’inscrit. Ce n’est pas très attractif pour un club.
Quelle approche pour le volley assis à l’approche de Paris 2024 ?
L’objectif pour Paris est de créer des spectateurs pour les JO 2024. Pour cela, il faudrait réussir à sensibiliser et intéresser les enfants avec une pratique scolaire qui leur donne envie. En plus des actions déjà évoquées, des partenariats sont mis en place, notamment le PUC et l’association premier de cordée avec le volley care, la Fan zone du Trocadéro animée avec du volley assis du 2 au 5 septembre 2022 pendant les championnats du monde. L’animation a été assurée par la FFVB et 4 clubs : Issy les Moulineaux, Mitry Mory, Charenton et le PUC. “La Lycéenne” avec l’UNSS du 30 mars 2022 au stade Charléty a permis de mobiliser 700 élèves et de leur faire découvrir le volley assis.
Il faut s’inspirer de projets de ce type.
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